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A l'arrivée du CEP* (extrait)

Dernière mise à jour : 16 avr. 2018


*Centre d'expérimentation du Pacifique


Organisme aménagé en 1964 à Papeete et comprenant les sites de tir de Mururoa et de Fangataufa, où furent réalisées, de 1966 à 1996, les expérimentations nucléaires françaises. Le centre est aujourd'hui fermé. 

L’arrivée du CEP au début des années soixante fait entrer les Polynésiens dans une nouvelle ère de modernité économique. L’accès des hommes et des femmes ma’ohi au travail salarié provoque un important exode vers Tahiti, modifiant ainsi la structure des familles. La référence devient la famille nucléaire par éclatement de la structure familiale traditionnelle, par l’urbanisation intensive, l’émancipation des jeunes, la perte du statut privilégié des aînés, l’influence d’intervenants extérieurs par le biais du travail salarié.

Même si les habitants éloignés de Tahiti, sont relativement épargnés, l’arrivée de produits importés, de la télévision, du frigidaire et l’irruption du tourisme transforment Tahiti en une véritable société de consommation.

Le métissage devient fréquent, il favorise lui-même les échanges avec les popa’a, fraîchement arrivés de métropole grâce à la construction de l’aéroport de Faa’a qui a ouvert la Polynésie au Monde.

Cet essor économique et cette mondialisation vont radicalement impacter l’adoption coutumière, sans la faire disparaître pour autant.

Le modèle européen et son monde de modernité sont devenus pour le polynésien un gage d’avenir meilleur pour leurs enfants et la France, un Eldorado. On aborde ici une nouvelle subtilité du don : le don fait à l’enfant.

La logique polynésienne de confier son enfant à autrui pour lui offrir l’environnement familial qu’il mérite se tourne tout naturellement vers ces étrangers blancs, en cohérence avec l’intérêt supérieur de l’enfant, autrement dit la possibilité de grandir dans un monde moderne, de faire des études pour avoir une bonne situation.

Selon J.Pierron [4], ce nouveau type de don concerne la quasi-totalité des adoptions polynésiennes par des métropolitains. Tandis que le don traditionnel à des popa’a resterait, quant à lui, très confidentiel (moins de 3%).

Je réalise alors que les motivations qui poussent les parents polynésiens à confier leur enfant ont littéralement changé au fil des siècles. Ils se sont adaptés d’une étonnante manière aux profondes mutations imposées à leur société traditionnelle. Le métissage va même surprendre le colonisateur par son importance et sa rapidité. Ce métissage est non seulement génétique mais surtout culturel. Les Polynésiens aspirent aujourd’hui à vivre selon les diktats de la société de consommation moderne, sans pour autant renoncer complètement à leurs façons d’appréhender la vie, notamment en ce qui concerne la famille et la gestion des responsabilités. C’est une des raisons pour laquelle le transfert d’enfant persiste dans notre société contemporaine.


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