Lettre à Maxence
Une bouche en forme de cœur… le plus doux des sourires … et mon regard plongeant dans tes grands yeux noirs…
Je ne peux m’empêcher de m’interroger … Mais quand est ce que tout a vraiment commencé ? A quel moment cette petite voix qui m’a guidé vers toi a-t-elle raisonnée en moi ? Je ne saurais le dire vraiment…
Tahiti… ton île du bout du monde … qui est inscrite en filigrane dans ma vie depuis tant d’années.
Déjà toute jeune diplômée, je m’étais fait la promesse pour mes 40 ans de m’offrir ce voyage … Pourquoi ? Pour ce que cette île représente de part de rêve ? Mon Dieu… je ne saurais le véritable objectif de ce voyage que 20 ans plus tard !
Mais quel guide as-tu été ! Je n’ai peut-être pas su toujours t’entendre ou décrypter les signes. Mais, tu as persévéré en me mettant des petits anges sur mon chemin qui apporteront une pierre, et une autre, pour me permettre de te trouver, mon petit oiseau des îles.
Mon désir d’enfant, après des années de batailles ne sera malheureusement pas comblé… ce qui me mènera à pousser les portes du service d’adoption. Une autre voie dans cette quête … 43 ans … ce sera l’âge de l’obtention de mon permis d’adoption. Et, toujours, de plus en plus insistante cette petite voix qui m’oriente vers la Polynésie …
Il me faudra deux ans pour réaliser mon projet. Partir découvrir cette culture, m’imprégner de l’âme polynésienne et de ce qu’est l’adoption Fa’a’amu. Coutume ancestrale dans ces îles mais tellement éloignée de notre mode de vie occidental. Ainsi, un enfant est confié par ses parents Biologiques (parents Fanau) à des parents adoptants (parents Fa’a’amu). L’histoire d’une rencontre entre deux familles, une histoire de confiance et d’un engagement … Celui de toujours maintenir le lien.
Il me faudra donc un deuxième séjour …
Septembre 2017, un appel impératif se fait ressentir … il me fera pousser les portes d’une agence de voyage pour acheter mon billet. Mais pour quelle date ? là encore, cette voix qui me souffle le mois de Mars … Le temps me semblera alors bien long jusqu’à mon départ, d’autant plus qu’un sentiment d’urgence se fait jour quelques temps avant Noël … un appel encore … impérieux …
Comment aurais-je pu savoir à ce moment-là que tu as été conçu en septembre, que décembre a été un mois difficile pour ta maman Fanau et que je la rencontrerais une semaine après mon arrivée sur le sol tahitien … Ta grand-mère Fanau ayant été notre messager ou tout simplement le tien …
Les trois mois qui suivirent me permirent de tisser ces liens, ô combien important, avec l’ensemble des membres de ta famille. Des moments riches d’échanges, de partages qui font qu’aujourd’hui j’ai une famille polynésienne …
Tu décideras de pointer le bout de ton nez, un peu plus tôt que prévu, nous prenant par surprise en ce Dimanche 27 mai 2018, jour de la fête des mères. Dès ta naissance, tu me seras confié par ta famille. Nous continuerons à vivre de nombreux moments avec eux jusqu’à tes 3 mois, jour de notre départ pour la métropole.
Aujourd’hui, lorsque je me retourne sur ce parcours semé d’embuches, je ne peux que voir les signes qui m’auront mené à toi… depuis tant d’années … guidée par une force qui m’aura emmené vers ce que je pensais être de l’ordre du rêve …
A toi V..., femme d’exception
A toi Christine qui m’aura soutenu avec une foi sans faille
A vous, mes parents
A toi, mon oiseau des îles … je t’aime…
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